Savez-vous qu’un énorme brainstorming va tout bientôt battre son plein? Mais oui, je vous dis. Les méninges de centaines de millions de personnes aux quatre coins du monde vont s’activer à fond dans les semaines à venir, et ceci dans un même objectif.
Cela va être de la pure folie, les gens en feront petit à petit leur priorité absolue. Et le défi est grand car ce n’est pas une bonne idée par personne qu’il va falloir trouver mais plusieurs, certaines en auront besoin d’une dizaine, voire d’une vingtaine, peut-être plus. Et comme il se doit, un brainstorming se fait en équipe. Chacun consultera son partenaire, ses enfants ou sa famille. Le voisin sera le bienvenu pour échanger sur la question, on négociera avec le lointain cousin mais sûr que notre meilleur(e) ami(e) sera dans la confidence. Les opérateurs de téléphonie mobile se frottent déjà les mains tant les appels et sms seront nombreux. Les opérateurs du web gérant leur messagerie sont plus inquiets, leur serveurs seront mis à rude épreuve. Faut quand-même se rendre compte que l’enjeu est colossal, pas vraiment le droit à l’erreur sur ce coup-là car celle ou celui qui n’a pas eu d’idées, ou pire de mauvaises, risque de passer un très mauvais moment…
Vous l’avez compris, _ _ _ _ arrive…
Eh oui, comme chaque année. Toute cette surchauffe qui contribue aux réchauffement de la planète, quel gâchis! Imaginez qu’on puisse mettre toute cette énergie grise pour une cause plus noble. Cette effervescence pourrait se focaliser sur un thème et tenter de trouver des solutions à nos problèmes de société. Faire un vrai brainstorming à l’échelle mondiale, utiliser une seule boîte à idée (en carton, ça fait moins mal quand ça tombe > lire ci-dessous). Ah l’idée universelle, ça fait rêver… En attendant, bon courage pour vos achats de cadeaux.
Je n’aime pas les boîtes à idées
Cela m’est arrivé lorsque je travaillais à Paris dans une grande tour de La Défense. Dans une de ces entreprises où les « plans de carrière » sont élaborés très sérieusement sur une échelle de temps dont l’unité est la décade. C’était dans une société où les clients étaient appelés par leur « numéro d’identifiant », s’il vous plait.
C’était il y a longtemps.
Cependant, cela aurait pu m’arriver dans une autre entreprise, dans une autre ville, dans un autre pays, et cela pourrait encore m’arriver aujourd’hui…
Une grosse boîte métallique m’est tombée sur le pied droit. Une boîte si énorme et si lourde qu’elle aurait pu me sectionner un doigt de pied. C’était la « boîte à idées » de l’entreprise pour laquelle je travaillais. C’était dans cette boîte que tout le monde était « invité » à y déposer ses idées. Et, quand la boîte était pleine, nourrie de toutes les idées proposées par les employés, elle tombait. Sur mon pied.
La boîte avait été installée pour collecter les idées de tout le monde, mais personne ne faisait quelque chose de ces idées, et les papiers s’empilaient dans la boîte.
Après mon accident, la boîte a été enlevée pour raison « d’hygiène et sécurité sur le lieu de travail » et plus personne n’en entendit parler, de cette boîte.
Je n’aime pas vraiment le concept de boîte à idées. Et, ce n’est pas simplement à cause de cet accident.
En plus du fait que parfois rien n’est fait avec les idées que l’on trouve dans ces boîtes, je n’aime pas le fait qu’elles rendent les choses impersonnelles. Pourquoi devrais-je « placer » mon idée dans une boîte, retourner m’asseoir à ma place de travail et attendre que quelque chose se passe ? Une entreprise qui a besoin que ses employés fournissent des idées innovantes pour contribuer à son développement a besoin de bien plus que quelques feuilles de papier déposées dans une boîte aux lettres !
Dans des marchés de plus en plus compétitifs et globalisés, avec des évolutions de plus en plus rapides et novatrices des technologies et procédés de fabrication, et plus généralement dans un monde en perpétuel mouvement dans lequel bougent ses clients, une entreprise n’a pas besoin de boîtes à idées mais de discussions d’idées.
Quand une idée est librement discutée et diffusée, c’est là qu’elle germe vraiment et qu’elle commence à se développer. Une idée change et est faite pour être changée, elle « mûrit ». Elle est véhiculée à l’intérieur de toute l’entreprise par ceux qui croient en elle. Si l’idée est abandonnée en cours de route, ce n’est pas grave parce qu’elle aura eu sa propre vie au sein de l’organisation. Elle aura suscité des discussions et des réflexions qui peuvent déclencher d’autres idées qui creuseront aussi leur propre chemin dans l’entreprise. Et rien de tout cela ne peut se produire à l’intérieur d’une boîte métallique froide.
Quand j’ai une idée pour mon entreprise et que je suis convaincu qu’elle peut apporter quelque chose, je veux en parler ! Je ne veux pas juste l’enfermer dans une boîte. Je veux exprimer librement mon idée et connaître les réactions qu’elle déclenche. Je veux la défendre – un petit peu – et la discuter – beaucoup. Je ne veux pas rester seul avec mon idée dans une boîte. Si j’y crois et si je pense qu’elle va contribuer au succès de mon entreprise, alors je veux partager ma passion pour celle-ci. Je veux en être son « champion ».
L’innovation a besoin du contraire d’une démarche impersonnelle. Pour devenir réalité, une idée, aussi brillante et novatrice soit-elle, a besoin de vivre dans l’entreprise et non pas seulement d’exister sur un formulaire. Elle a besoin d’être portée par des gens à qui l’on pourra se référer et elle doit être appropriée par toute l’entreprise pour devenir opérationnelle. Il faut l’améliorer, l’enrichir, la modifier et l’adapter, « brainstomer » en considérant tous les aspects qui entrent en ligne de compte. Un projet d’innovation a besoin de mettre une équipe pluridisciplinaire autour d’une même table. Et si ça commence par un papier déposé dans une boîte à lettres, le chemin risque d’être long, très long, trop long.
Une idée novatrice naît de l’échange qui se crée entre des personnes d’expériences et d’expertises différentes, elle ne pousse pas dans une boîte.
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